Un jour
Un matin, je suis sortie de chez moi. J'allais refermer la porte de verre poli quand j'ai décidé de le faire un peu plus lentement que d'habitude. C'était l'époque où j'avais encore des horaires de travail commun à des millions de salariés.
Le matin j'assistais à ce bal. Les gens qui passent à la même heure, allant au même endroit. Je savais si j'étais à l'heure, en fonction de ces inconnus réguliers que je croisais. Tiens, c'est la dame qui va à l'école : "ou la la je la croise beaucoup plus loin d'habitude. Minnnce mon bus". Je cours.
Ce matin là, je pris le temps de la pause. Rien n'avait changé dans le quotidien de ces gens pressés. Ils allaient et venaient avec la même mine joviale ou blasée. Mon quotidien, lui avait irrémédiablement changé.
Pour la première fois, je venais de perdre un proche qui avait partagé 25 ans de ma vie. Il s'était éteint au creux d'un cancer dans une clinique du sud de la France. Ma vie ne serait définitivement plus la même. Il était partie en mentant, en disant au personnel soignant que j'étais sa fille. C'était la première fois que j'entendais un aussi joli mensonge.
Nous nous étions tant combattu avec des différences, des convictions, des peurs viscérales et la même personne que nous aimions passionnément : ma mère. Avec lui j'avais trouvé le courage de dire les mots que j'avais dans le ventre, dire tout le paradoxe de détester et d'aimer à la fois. J'avais eu la chance d'éprouver l'envie de le faire avant que son corps ne le détruise. J'ai dû apprendre à aider une personne qui part. A accepter que putain c'est insurmontable de se sentir si démunie quand l'autre à mal. A accepter que dans ces moments là, sa souffrance on la tait pour puiser toute l'énergie que l'on a, pour pouvoir la restituer à l'autre.
Et puis un matin, on vous appelle. Vous savez très bien pourquoi on vous appelle. Pourtant vous niez. Quand ma mère m'a appelé, je lui ai dis "pourquoi tu m'appelles ?". J'aurai voulu tant d'autres mots dans ma bouche. Mais ce matin là, je ne voulais pas entendre les siens. Pour ne pas que ces trois syllabes claquent dans ma cuisine : "c'est fini".
Alors ce matin, là quelques jours après l'enterrement, quelques jours après le Sud. Je me suis posée là devant ma porte en verre poli, à comprendre que le changement de ma vie n'affectait pas celle des autres. Et qu'alors il fallait continuer, autrement ...
EDIT : cette situation je l'ai connue il y a quelques années maintenant.
Mais si on continue, comme tu le dis si bien, c'est autrement, et il faut d'abord prendre le temps d'accepter que les autres eux, continuent pareil.
Au nombre de fois où tu m'as répété qu'il fallait continuer quoi qu'il arrive, je ne doute pas que tu y arrives.
Pas de commentaire ; je te fais confiance pour te débrouiller avec cette porte.
Bien peu de mots, tu as tout dis ...
Ces choses aident à grandir, mais putain ce que c'est douloureux de grandir dans ces conditions.
Très beau, complètement ému. Je ne trouve les mots, une boule m'empêche de parler...
Pour une fois, je ne ferais pas de blague...
Mourrir, c'est disparaître de la mémoire pour naître dans les souvenirs.
Et que ne se réjouit-on d'une naissance?
Accepter ou transiger, personnellement j'ai pris la deuxième option ce qui ne m'empêche pas, au contraire de m'ancrer dans le réel, au contraire, juste de composer avec.
C'est vrai que ton texte est émouvant par ses résonnances.
~TheCélinette: J'espère bien que c'est la dernière fois !! J'aime pas me sentir faible et démuni devant les femmes... Ca me donne un côté irrésistible et après elles craquent pour moi... Non ça me gêne vraiment :D
@ Dom : c'est en acceptant les choses qu'on se fixe dans le réel. Du moins c'est mon avis :)
@ Amaury : cet épisode de ma vie n'est pas tout récent. Mais merci pour ton message.
"A accepter que putain c'est insurmontable de se sentir si démunie quand l'autre à mal. A accepter que dans ces moments là, sa souffrance on la tait pour puiser toute l'énergie que l'on a, pour pouvoir la restituer à l'autre."
Il y a ce moment insupportable, cette première "phase" du deuil, où, après le départ de celui qu'on a tenté de soutenir, la souffrance retrouve la parole, alors que l'énergie n'est pas encore de retour...
Tes mots, simples et respectueux, me touchent beaucoup...
Je suis extrement touchée par ton texte... extremement...
@ Vinz : oui si on pouvait s'économiser cette souffrance ...
@ Xia : c'est la première fois que je te sens ému.
@ Zamomi : ton commentaire me touche beaucoup aussi ...
@ Davidounet : c'est touchant ta remarque.
@ Dom : merci
quelques larmes venues de mon propre passé, merci pour ce texte, tu viens de faire ressortir des émotions fortes et ...
sais plus quoi dire là...
Xia Aka, oué, et après t'en profite pour les acheter sur Facebook, tu crois qu'on t'a pas reconnu ??
Bonsoir TheCélinette,
Après avoir lu ton texte émouvant, je te propose d'aller voir le diaporama qui suit.
C'est un court et grand prélude de philosophie qui rappelle qu'il est des vérités de la vie que l'on a tendance à oublier et à négliger, et qu'il est bon de méditer et reméditer sans cesse. Garde ce diaporama pour le regarder à chaque fois qu'il te sera nécessaire de te rappeler quelles sont les choses importantes de la vie.
Bises
PaP
http://poilauxpattes.free.fr/a_mediter.pps
merci pour ce texte...
la beauté et la sincérité ne sont pas si courant que ça :)
@ Xia :
J'imagine bien que ça te gêne ;)
@ Sarita :
Ca m'est sorti du coeur ...
"Xia il achète mes pets sur Facebook."
Comme c'est tendancieux...
Dom, Céline, je vais vous racheter, JE VOUS ACHETERAI TOUTESSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS
@ Pierre :
Moi non plus je ne sais pas quoi dire ....
@ Dom :
Merci pour cette info criante de vérité.
Xia il achète mes pets sur Facebook. Mais maintenant je suis trop chère pour lui :) Le cours de la Célinette a grimpé ;)
@ PoilAuxPattes :
Merci pour ce beau diaporama :)
@ Xia :
Mes puppies c'est mieux ;)