… Et ce soir, je vous avoue que je ne le suis pas non plus. Un peu comme un élastique qu’on aurait tendu le plus possible et qui vous claque le visage quand il perd toute résistance.
Il y a un an, j’utilisais toute mon énergie pour lutter contre l’inertie, contre un diagnostic écrit. Une phrase peut changer toute votre vie « votre mère a un cancer du pancréas ». Quelques mots et tout votre quotidien vole en éclat. Je l’ai regardée. Elle m’a serré la main. Pour la première fois de ma vie, j’ai vu des larmes rouler sur les joues de ma tante. Puis on a fait comme on a pu, on s’est organisée.
En 15 jours, elle est devenue impotente. Ma mère, pour rester mère, m’a dit que tout allait bien. Moi pour rester sa fille, j’ai dit que j’allais bien, j’ai fait de l’humour et je l’ai chouchouté comme j’ai pu. Puis s’installe cet étrange bal, au cours duquel ma mère digne et courageuse n’a jamais rien dit de ses peurs et où moi j’ai tue les miennes.
Alors on avance comme un petit soldat, pour préserver la dignité de sa mère à défaut de pouvoir la sauver. Et un jour, on se réveille en réalisant, que l’on a rien d’un petit soldat et qu’au cours de cet étrange voyage, on a sacrément pris du plomb dans l’aile.