Le matin double face
J'aime être avec un homme. Me nicher au creux de son épaule, découvrir sa peau douce. Le voir trébucher, me moquer un peu. Le regarder me cuisiner un petit plat puis me servir un verre de vin. J'aime lui piquer son gel douche. Regarder sa tête le matin. Etre prisonnière de ses bras la nuit. J'aime tout ça compulsivement !
Mais je n'aime pas le mâle qui déchire la douceur de son manteau pour devenir tout vert, les cheveux hirsutes et le rouge aux dents. Parce que je vous le dit, il y a des matins d-a-n-g-e-u-r-e-u-x !
Vous vous êtes endormie comme une conne fée au creux de celui que vous chérissez. Et vous vous réveillez en lui souriant. Et là déjà il à l'oeil louche. Prudente vous faite un tour d'horizon, et vous prononcez son nom (sans vous tromper c'est beaucoup mieux). Bon il répond c'est un bon point c'est bien le même.
Mais tout de même il à l'oeil glauque, le sourcil mou, le teint qui ment... Ca ne présage rien de bon.
- Ca va ?
Pauvre de moi, erreur de débutante, glissement de terrain, suppression de soldes... LA phrase à ne pas dire. La boite de Pandore, le gouffre sans fin... Bref le début des emmerdes. C'est effectivement là que Monsieur vous déballe tout : le genou qui saigne, le pied qui gratte, la mandoline qui coince. Bref il a une vie affreusement tourneboulante et du coup, c'est bien normal il est perdu.
- Mais mon caillou, t'es pas perdu, tu es dans le lit comme hier soir ?
Là il est très important pour lui de refaire le coup du regard flou (l'objectif étant de regarder le lampadaire du plafond comme on tente de synthétiser en trois paroles le discours de la méthode, la mystique juive et le pacte secret de Chaumont).
Alors il vous explique que le genou qui saigne, c'est comme de l'hémoglobine qui coule, qu'un pied qui gratte c'est comme des orteils qui démangent, qu'une mandoline qui coince c'est comme un instrument victime de couac. Bon en fait vous aviez déjà tout compris tout simplement parce que vous aviez déjà écouté la première version mais vous restez sage, parce qu'interloquée.
- Ahhhh voui vu comme ça !
C'est le moment de réagir, de prendre sa douche et d'écrire sur son corps "Hic jacet".
Parce qu'une douceur qui disparait c'est un bonheur qui doit voir le jour ... ailleurs :)
J'avoue que je craque aussi pour le petit "mon caillou", c'est mignon comme tout. Ceci dit, même dans les bras de mon homme, si un matin commence avant 9h (très environ), c'est un matin dangereux quoi qu'il arrive...
(j'aime beaucoup ton style aussi, subtile et piquant à la fois :) )
Ooooooooooh, c'est trop mignon "mon caillou", je vais la garder celle là (et après, je m'étonne d'être célibataire). En général, on sent le moment où on a le choix :
- ou on fait semblant de pas voir que Mâle ne va pas bien et attend qu'on lui demande ce qui va pas pour nous raconter tous ses malheurs
- ou, compatissantes, on ouvre la bouche et on endosse nos lunettes de psy, sachant qu'il va nous foutre le moral en l'air en trois mots et que ça va durer la journée, voire le week-end.
ET forcément, on choisit quasi tjs la deuxième solution
@ PinkLady : j'écoute toujours pour voir un peu ce qu'il se passe... puis je mets mes lunettes pour mieux voir dehors :)
@ Nadouchka : merci de ton passage et de ton commentaire touchant :)
Salut Céline!
Je viens de découvrir ton blog grâce à mon ami Azwaw. J'aime ton style et la manière dont tu énonces ces choses du quotidien qui nous déroutent parfois tellement qu'on s'habitue en oubliant de les penser...
Go on...
@ Hachiko : tu as l'aurore belliqueuse ?
Ahhhh je suis contente que ma note te plaise. Je suis entrain de retrouvé mon style, je l'avais perdu :) Alors je suis ravie qu'il te plaise ! Merci de ta visite.
le regard fou pour un avenir flou ... c'est vrai qu'on bascule facilement du côté obscur : ), la ligne est rarement claire (hello 'Tintin' Sukie) et droite chez les hommes.
intéressant de voir que la douceur d'une femme peut parfois provoquer l'angoisse chez l'autre .... l'homo se coince les neurones pour pas grand chose en plus.
bonne continuation
bee zzz
lolo
Salut Céline,
Dans ma peau de mâle, j'aime découvrir tes pensées philosophiques, nostaliques, amoureuses, taquines, piquantes, ironiques, vraies, et la liste des adjectifs pourrait être longues encore.
Mais je remarque aussi que la masculanisation du texte reste vraie, elle aussi.
Ainsi, je pense affirmer, sans complexe que :"
J'aime être avec un femme. Me nicher au creux de son épaule, découvrir sa peau douce. La voir trébucher, me moquer un peu. La regarder me cuisiner un petit plat puis me servir un verre de vin. J'aime lui piquer son gel douche. Regarder sa tête le matin. Etre prisonnier de ses bras la nuit. J'aime tout ça compulsivement!
Ne serions nous, femmes et hommes, pas tous les mêmes finalement?! Est-ce que notre seule quête ne serait pas de se sentir bien dans les bras, dans le regard, dans les attentions de l'autre?
En tous cas mon épaule ne demande qu'à te servir te niche. Lol.
Et encore merci pour tous ces billets d'humour et d'humeurs.
@ lolo : très joli commentaire. Je suis touchée !
@ Davidounet : Je vois que ton épaule est prête pour l'amour :)
Je parle d'hommes parce que c'est avec eux que je partage ma vie sentimentale tout en sachant que des femmes ont le même genre de réactions. Et oui se sentir bien avec l'autre ... humm quel bonheur :)