Mémoires

Hier j’ai eu au téléphone, une cousine du côté de mon père, que j’ai retrouvé il y a quelques années via les réseaux sociaux et une autre cousine éloignée férue de généalogie. On échange peu au téléphone, mais hier, elle avait besoin de parler de quelque chose qui la préoccupait et j’étais contente qu’elle ait envie que ce soit avec moi.

Au cours de la conversation, elle a naturellement évoqué de sa famille, qui est également ma famille du côté de la branche paternelle. Mais mon père a coupé les ponts avec moi vers mes 8 ans. On dit qu’on abandonne son enfant, je crois. Et vu son attitude et ses violences verbales récurrentes, ça a été une bonne chose pour moi.

C'était étrange d'entendre parler d'une famille qui est censée être la mienne, alors que je n'ai aucun lien avec elle. Dans les détails de la conversation, elle évoquait des choses qu’elle avait eues à la mort de ses parents (un très chouette couple). Je ne parle pas de transmission patrimoniale, je parle de petits objets qui sont autant de souvenirs ou de madeleine de Proust. Ces petites choses qui sont un lien, un amour qui reste en suspens quand l’autre n’est plus.

Cela m'a fait réaliser que, avec mon histoire chaotique, je n'ai jamais connu cette forme de transmission, que ce soit de la part de ma famille paternelle ou maternelle. Je ne suis rien pour aucune de ces deux familles. Comme un enfant qui naît puis qu’on efface.

J’ai eu la sensation d’être un genre d’ovnis au milieu de ces gens qui ont des liens. Ça m’a fait mal, je vous l’avoue. Cependant, au milieu de cette réflexion, une pensée m'a frappée : quelle est donc mon histoire personnelle, ce qui constitue le berceau de mon identité ?Mon histoire, c’est beaucoup d’amis, des gens qui me touchent ou qui ont été là pour moi, sans me demander un lien familial en retour.

Je suis bavarde, très bavarde. Je me nourris des rencontres du quotidien, des éclats de rire ou des doutes que je partage avec mes amis ou qu’ils partagent avec moi. Ces amis, ces connaissances, ces gens dans les transports en commun à qui j’ai tenu la jambe alors qu’ils demandaient juste d’aller d’un point à une autre, c’est ça mon identité. Parce qu’avec ces échanges, pour eux, j’existe un peu.

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