Dessiner celui qui ose
Au début, je l’ai aperçu par l’embrasure de la porte… Je me suis dis « tiens ! » … Puis je me suis engouffrée, émotionnée dans la grande salle de droite. J’ai salué, j’ai bousculé, j’ai fait le tour et je me suis assise. J’ai soupiré un grand coup. On y va. Mes premières esquisses ressemblaient à … pas grand chose.. des formes qui se cherchent, qui hésitent, qui essayent.
Concentrée sur ce rappel de mémoire, sur ma trouille au ventre, sur mon cœur qui tambourinait je n’y pensais plus. La pause, un coup de fil et le voilà dans la pièce. Des yeux ronds comme des billes, bleus comme le ciel au milieu du visage d’un petit personnage atypique. Petit rondouillard, je l’imaginais volontiers dans un film de Jean-Pierre Jeunet. Mais il était là, au milieu de la salle en peignoir.
Nous nous sommes tous rassis, nous avons pris notre bloc, nos crayons et il a laissé tomber le peu qui l’habillait. En un geste, il était nu parmi nous. Il nous montrait ce que toute la société de consommation réprouve : un corps qui vit. Un corps rond, avec des formes, des plis, des mensurations qui sont les siennes.
Moi qui me plains de mon poids avec ma taille 36 je dessinais un homme qui osait. Passé les a priori, l’enthousiasme nous gagnait. Mon voisin n’avait de cesse de me dire « oh qu’est ce qu’il est chouette à croquer ! J’adore !». Tout en suivant ses formes de la pointe de mon crayon le plus gras de ma trousse (4B), je pensais à la nudité.
Montrer son corps je trouve ça super intime. On a beau voir des corps à demi-nus dans tous les médias. Je trouve qu’offrir la nudité de son corps à un être c’est vraiment quelque chose d’émouvant, de fort, d’intimidant. Il n’y a pas un moment de ma vie, où je n’ai pas été intimidée de le faire.
Je le regardais et je le trouvais fort cet homme, de nous offrir sa nudité dans ses qualités et ses défauts. Siéger comme ça face aux gens tels qu’on est un point c’est tout, pour moi c’est un beau courage.
Hum hum, dommage tant de timidité car un corps nu en 36 ça doit être sympa a croquer (comprendre dessiner bien sur)...oui euh sinon je voulais dire sympa d'avoir continué... oula tu me pertubes lol.
complètement.
et bravo aux dessinateurs sans à priori aussi.
C'est comme le vélo, le dessin ça ne s'oublie pas.. Au début, on cherche ces marques, puis après le premier coup de pédale, on ne peut plus s'arrêter! Et c'est là que ca devient intéressant.. A le fameux 4B, on ne l'oublie jamais !
Fred-à-la-chemise-noire :
Moi aussi l'expression "croquer" m'avait fait sourire ;-)
douée la petite Célinette ! jolis croquis