« C’est étrange cette situation, tu ne trouves pas ? » Lui ai-je dis sur le chemin de la gare. Il a acquiescé, a déposé sur moi un regard triste, puis a mis sa main sur ma cuisse, me rappelant comment j’aime chez lui ce genre de tendresse.
Quelques heures plus tôt, je m’étais levée, nous avions déjeuné. Au creux d’une situation classique j’ai réalisé que notre relation était en soin palliatif, pas bien vaillante, qu’il lui restait peu à vivre. Mon diagnostic n’était pas encourageant. C’est toujours une sensation étrange, comme un rideau de plomb qui se referme appuyant bien fort sur le plexus, nouant tous vos muscles des plus petits aux plus grands.
Alors je suis allée prendre une douche. C’est un lieu plaisant pour pleurer. On peut y mêler son eau en toute discrétion. Seul le sel pourrait venir nous trahir. Puis j’ai mis ma robe de soie blanche. Je me suis toujours dit que face à l’élégance, le chagrin pèserait moins lourd. Il est venu, m’a regardé et m’a dit « ça va ? ». J’ai répondu « oui », mes yeux le contraire.
Il y a des ruptures sans violence. Ce sont des ruptures d’évidence. Vous pensiez être deux dans une histoire mais cela manque de place. L’autre n’arrive pas à ranger ses affaires, à trier ses sentiments, à retrouver ses envies, pour laisser à votre amour la place nécessaire pour s’épanouir. Vous l’aimez, il vous aime … Mais un peu moins. Et c’est ce qui fait toute la différence.
Entre constat et pleurs, vous vous serez dans les bras l’un de l’autre. Vous prévoyez de partir, mais avant vous passez encore un peu de temps ensemble, pour boire un bon vin (autant que la fin soit savoureuse), vous riez parce que putain ce que c’est bon, puis au milieu de tout cela, vous pleurez parce ce que merde cette fin vous ne la voulez pas. Et là, vous faites ce que vous ne pensiez pas possible : vous vous quittez sur des « je t’aime ».
Saloperie de samedi …