Dans les plaisirs quotidiens, j’aime résolument celui de se maquiller. Parce qu’avec un peu de technique et d’imagination, je me fais femme sage, délicieusement enfant, ou contraire celle au regard enivrant. Mais si le maquillage sert aujourd’hui à se parer, il n’en n’a pas toujours été l’unique raison. Je tenais cette information du guide conférencier du musée du Louvre qui tentait de tenir le tourbillon d’enfants de 6ème que nous étions alors :
- Monsieur, Monsieur !!! Pourquoi les hommes de l’Egypte ancienne se maquillaient ? Lui avais-je déjà demandé. J’étais dans ma période mille questions depuis mon plus jeune âge… Je ne suis pas encore bien sure d’en être sortie.
- Pour se protéger les paupières des rayons puissants du soleil, m’avait-il dit.
Mais c’est en lisant Courrier International que j’ai compris, qu’il y avait d’autres raisons purement médicales. Si le Vidal traîne sur les étagères de nos médecins, les codifications des prescriptions médicales, se faisaient déjà sur papyrus, sous l’Egypte ancienne. Et comme remède à certaines infections oculaires, il fallait suivre la prescription suivante : « 1/16 ; calamine : 1/16 ; ocre rouge [tjerou] : 1/64 ; minéral-sia du Sud : 1/64. [Cela] sera broyé finement, préparé en masse homogène et placé dans les yeux jusqu’à ce qu’ils guérissent parfaitement.” Ouuuh ça doit faire mal ? Et non ça fait surtout joli :) En effet, je viens de vous livrer la formule du Khôl égyptien. Si c’est pas un peu la classe, ça y ressemble ;)
Les scientifiques férus d’éthnopharmacologie (ça doit faire beaucoup de point au scrabble ça) ont fouillé dans les trousses à maquillage de ces égyptiennes des temps passés, auprès des différents musées. Ils y ont trouvé des éléments naturels et oh surprise, des éléments transformés, c’est à dire non existants tels quels dans la nature.
« Toute la difficulté, pour les chercheurs qui souhaitent vérifier l’efficacité de ces remèdes et s’en inspirer – comme dans l’ethnopharmacologie – est de déterminer la nature exacte des ingrédients cités dans les manuscrits. La chimie moderne peut les y aider, comme le prouve une aventure scientifique de longue haleine conduite par des équipes françaises, et qui vient de trouver son épilogue dans la revue Analytical Chemistry. Elle conclut que le plomb qui entrait dans la composition du khôl, loin de menacer la santé des Egyptiens comme le laisserait supposer la toxicologie moderne, leur assurait une protection contre les infections oculaires. “Nous sommes partis des flacons”, explique Philippe Walter (Centre de recherche et de restauration des musées de France, CNRS), qui, avec ses collègues analyse les résidus trouvés dans des dizaines de “trousses à maquillage” des collections égyptiennes du Louvre. «
Vous pouvez lire, l’article complet sur ce sujet d’éthnopharmacologie, traitant des travaux des chercheurs du Louvre associés aux chimistes de l’équipe de Christian Amatore, de l’université Pierre-et-Marie-Curie, ici : les vertus cachées du khôl égyptien. Bon le journaliste qui a rédigé l’article sur le khôl, l’a illustré par une photo d’eye-liner… Mamamia blasphème !
